La teneur en CO2 de l’atmosphère augmente malgré la crise sanitaire liée au Coronavirus

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Selon une note publiée en mai 2020  par le Consortium allemand pour le climat (DKK), la teneur en CO2 de l’atmosphère continue d’augmenter, malgré l’effondrement des activités économiques causées par la pandémie.

La crise actuelle liée au Coronavirus n’aura qu’un effet positif à court terme sur le bilan climatique. De plus les mesures actuelles de réduction des émissions de l´Allemagne seraient insuffisantes pour apporter une contribution appropriée à l’accord de Paris, selon le comité d’experts pour les questions de l’environnement du gouvernement allemand (SRU)

En mars, la concentration de CO2 à la station de mesure de l’Agence fédérale de l’environnement sur le sommet de la Zugspitze, le point culminant de l’Allemagne avec 2962 mètres d’altitude, a atteint pour la première fois une moyenne mensuelle de près de 418 ppm. Ce nouveau niveau record de 417,838 ppm est supérieur de près de 3 ppm à celui de 2019, et la concentration de CO2 en mois d’avril est avec 415,779 ppm également supérieure à celle de l’année dernière. Les données de la plus ancienne station de mesure du CO2, le Mauna Loa à Hawaï, confirment cette évolution. Ce que rapporte le Consortium allemand pour le climat (DKK) (voir figure) qui coordonne la recherche climatique allemande, dans une note publiée en mai 2020 /1/.

Figure : Moyenne mensuelle de la concentration du CO2 dans l´atmosphère

La crise sanitaire liée au Coronavirus n’aura qu’un effet positif à court terme

La crise mondiale sanitaire et économique s’est traduite par un effet bénéfique sur le climat avec une réduction de 8% des émissions de gaz à effet de serre en 2020 selon les premières estimations de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE). Toutefois la teneur en CO2 de l’atmosphère a atteint un nouveau record. Cela montre qu’une seule année de réduction des émissions n’a pas d’effet tangible sur le réchauffement climatique.

Le professeur Mojib Latif, président du conseil d’administration du Consortium allemand pour le climat (DKK), déclare : « La courte pause due à la crise sanitaire est loin d’être suffisante pour orienter le développement climatique sur une voie qui correspond à l’accord de Paris sur le climat. Ce qu’il faut, c’est une réduction constante des émissions de cette ampleur dans les années à venir – sans pour autant paralyser l’économie ».

La contradiction apparente est liée au long temps de résidence du CO2 dans l’atmosphère

Le fait que la teneur en CO2 de l’atmosphère continue d’augmenter alors même que les émissions diminuent est dû au long temps de sa résidence dans l’atmosphère.

Même si les océans et les régions terrestres absorbent actuellement un peu plus de la moitié du CO2 émis par des activités humaines, le reste résidera dans l’atmosphère pendant environ un siècle.

Les mesures actuelles de réduction des émissions de l´Allemagne seraient insuffisantes

Malgré un exceptionnel développement des énergies renouvelables dans le secteur électrique, l’Allemagne n’atteindra probablement pas son objectif climatique national de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici fin 2020 par rapport à 1990.

Pour l’année en cours, les émissions devraient baisser à court terme, principalement en raison de la crise sanitaire liée au Coronavirus. Néanmoins, il est douteux que l’écart restant d’environ 56 Mt CO2éq par rapport à la valeur cible de 2020 (749 Mt CO2éq) puisse être comblé cette année. Toutefois, il ne s’agit pas d’une amélioration structurelle du système.

Dans les secteurs chaleur & refroidissement et les transports, le développement des énergies renouvelables stagne et les émissions ne baissent pas suffisamment. Dans les prochaines années l’évolution des émissions risque de stagner aussi dans le secteur électrique car il faut  remplacer d’ici 2022 la production nucléaire bas carbone restante – environ 75 TWh (2019) –  par des renouvelables.

Dans un rapport récent /2/, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) appelle le gouvernement allemand à recentrer ses efforts sur les secteurs chaleur & refroidissement et les transports. En raison d’efforts inégaux selon les secteurs, le pays va rencontrer de fortes difficultés pour atteindre ses objectifs climatiques selon l’Agence.

La loi fédérale sur la protection du climat entrée en vigueur fin 2019 introduit pour la première fois des objectifs juridiquement contraignants pour atteindre une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030 par rapport à 1990 /3/.

En revanche, selon le rapport 2020 du SRU (comité d’experts pour les questions de l’environnement du gouvernement allemand) et publié en mai 2020 /4/, les mesures fixées jusqu’à présent ne seraient pas suffisantes pour atteindre les objectifs climatiques d’ici 2030, et encore moins pour contribuer de manière appropriée à l’accord de Paris sur le climat.

Références

/1/ DKK (2020), Trotz Corona ist CO2 – Gehalt der Atmosphäre weiterhin auf Rekordkurs, Deutsches Klima-Konsortium e.V., en ligne : https://www.deutsches-klima-konsortium.de/de/co2konzentration.html

/2/ IEA (2020) Germany 2020. Energy Policy Review. Country report – February 2020. International Energy Agency. En ligne : https://www.iea.org/reports/germany-2020.

/3/ Allemagne-Energies (2019), Le parlement allemand adopte la loi de protection du climat (Bundes – Klimaschutzgesetz), en ligne : https://allemagne-energies.com/2019/12/29/le-parlement-allemand-adopte-le-programme-de-protection-du-climat-2030/

/4/ SRU (2020) Umweltgutachten 2020 : Für eine entschlossene Umweltpolitik in Deutschland und Europa. 14 Mai 2020. Sachverständigenrat für Umweltfragen (SRU). En ligne : https://www.umweltrat.de/SharedDocs/Downloads/DE/01_Umweltgutachten/2016_2020/2020_Umweltgutachten_Entschlossene_Umweltpolitik.html;jsessionid=8CD417A9543D6F0BC768244F06E5AB8B.1_cid284.