Évolutions récentes de la sortie progressive du charbon en Allemagne

Temps de lecture : 5 minutes

L´Agence Fédérale des Réseaux (Bundesnetzagentur – BNetzA) a publié début avril 2021 les résultats du deuxième appel d´offres sur la fermeture anticipée des centrales à houille et petites centrales à lignite inférieures à 150 MW. Trois offres ont été retenues pour un volume de 1514 MW. Les centrales ayant reçu une adjudication ne seront plus autorisées à brûler de la houille ou du lignite à partir du 8 décembre 2021. Les gestionnaires de réseau de transport vérifient maintenant leur importance systémique.

Sur les 11 centrales ayant obtenu une adjudication lors du premier appel d´offres fin 2020, les gestionnaires des réseaux ont identifié pour 3 centrales une importance systémique. L´Agence Fédérale des Réseaux a déjà rejeté une demande, pour les deux autres l´examen est encore en cours.

L´Agence Fédérale des Réseaux a lancé en février 2021 la troisième série d´appels d´offres pour la fermeture précoce de centrales à houille pour un volume appelé de 2481 MW et une indemnisation plafond de 155 000 € par MW. La date limite de candidature a été fixée au 30 avril 2021, les fermetures correspondantes devant avoir lieu d´ici fin 2022.

Ceci montre bien que l´orientation vers un mix électrique à forte proportion d´énergies renouvelables avec l´abandon des moyens pilotables nécessite un suivi conséquent du maintien de la sécurité d´approvisionnement en électricité.

Le calendrier de sortie du charbon sera à l´épreuve des faits dans les prochaines années, avec la fermeture d´ici fin 2022 des dernières centrales nucléaires (actuellement 8,1 GW au réseau).

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Centrale à houille Westfalen, tranche E (à droite) à Hamm, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, puissance électrique nette 765 MW, mise en service 2014, depuis 2021 en réserve stratégique hors marché électrique, les 4 autres tranches sont déjà en arrêt / source RWE

L´Allemagne encourage la fermeture anticipée de centrales à houille et de petites centrales alimentées au lignite (d´une production inférieure à 150 MW) au moyen d´appels d´offres afin d´indemniser les entreprises qui quittent le marché précocement.

Un premier appel d´offres en 2020 a reçu un accueil favorable de la part des énergéticiens. Selon le communiqué de presse du 1er décembre 2020 de l´Agence Fédérale des Réseaux, 11 offres ont été acceptées, pour un volume total de 4788 MW /1/. Le montant moyen d´adjudication, pondéré en fonction du volume, s´est élevé à 66 259 € par MW.

À partir du 1er janvier 2021, les exploitants d´une centrale ayant obtenu le droit à une prime d´arrêt ne seront plus autorisés à commercialiser leur électricité sur le marché.

Ces centrales ont été mises en réserve stratégique en attendant que les gestionnaires de réseau de transport vérifient leur importance systémique. En cas de résultat négatif, sept mois après l´adjudication, soit à partir du 1er juillet 2021, ces centrales ne peuvent plus brûler de houille ou de lignite. Certains exploitants de centrales envisagent une reconversion aux combustibles alternatifs (par exemple à la biomasse).

Résultat du deuxième appel d´offres sur la sortie des centrales à houille et petites centrales à lignite inférieures à 150 MW

L´Agence Fédérale des Réseaux a publié le 1er avril 2021 les  résultats du deuxième appel d´offres sur la sortie des centrales à houille et petites centrales à lignite inférieures à 150 MW /2/. L´enchère a porté sur un volume total de 1500  MW. Pour quitter le marché précocement, une indemnisation maximale de 155 000 € par MW est accordée.

Comme lors du premier appel d´offres, le volume appelé de 1500 MW a été sursouscrit. Selon l´Agence Fédérale des Réseaux, 3 offres ont été retenues (voir tableau 1) pour un volume de 1514 MW. La plus grande centrale acceptée a une puissance de 757 MW et la plus petite de 67 MW. Les montants d´adjudication des offres retenues varient entre 0 et 59 000 € par MW, donc bien en dessous du prix plafond de 155 000 € par MW, chaque soumissionnaire retenu se voyant attribuer un contrat à hauteur de la valeur de son offre individuelle. Par souci de confidentialité, l´Agence Fédérale des Réseaux n´a pas communiqué plus de détails.

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Tableau 1 : Centrales ayant reçu une adjudication

Les centrales retenues ne seront plus autorisées à brûler de la houille ou du lignite à partir du 8 décembre 2021.

Les gestionnaires de réseau de transport vérifient maintenant leur importance systémique. Si le résultat est positif, les centrales concernées resteront en réserve stratégique. Cela signifie que l´exploitant ne pourra plus commercialiser l´électricité, mais sera rémunéré afin que la centrale reste disponible pour la stabilisation du réseau en cas de besoin.

Premiers résultats de la vérification de l´importance systémique

Lors du premier appel d´offres, les 11 centrales qui avaient obtenu une adjudication ont été mises en réserve stratégique en attendant que les gestionnaires de réseau de transport vérifient leur importance systémique. Selon le communiqué de presse du 4 mars 2021 de l´Agence Fédérale des Réseaux, les gestionnaires ont identifié pour 3 centrales une importance systémique, soit les centrales Heyden 4 (Uniper), Walsum 9 (Steag)  et Westfalen E (RWE).

Les raisons invoquées sont le maintien dans la réserve stratégique de la centrale de Walsum 9 (puissance électrique 370 MW) pour des actions de re-dispatching, et des centrales Heyden (puissance électrique 875 MW) et Westfalen E (puissance électrique 764 MW) pour la fourniture/absorption de puissance réactive nécessaire pour le réglage de tension du réseau.

Les demandes des gestionnaires des réseaux sont en cours d´examen. L´Agence Fédérale des Réseaux prendra une décision au plus tard début juin 2021. Concernant la centrale de Walsum 9, l´ Agence Fédérale des Réseaux a refusé la demande du gestionnaire de réseau Amprion, cf. communiqué de presse du 15 avril 2021 /4/. Selon l´Agence cette centrale ne serait donc pas nécessaire pour la sécurité d´approvisionnement en électricité. Il n´y a donc aucune raison de retarder la fermeture définitive de cette centrale. En conséquence, Walsum 9 ne pourra plus brûler de charbon à partir de juillet 2021.

L´importance systémique des deux autres centrales est encore en cours d´examen. Si ces centrales étaient nécessaires pour la fourniture/absorption de puissance réactive, elles seront soit converties en déphaseur rotatif soit mises en réserve stratégique pour le réglage de tension du réseau.

Lancement de la troisième série d´appels d´offres

L´Agence Fédérale des Réseaux a lancé en février 2021 la troisième série d´appels d´offres pour la fermeture précoce de centrales à houille / 5/. L´enchère portera sur un volume total de 2481 MW pour une indemnisation plafond de 155 000 €/MW. La date limite de candidature a été fixée au 30 avril 2021, les fermetures correspondantes devant avoir lieu d´ici fin 2022.

Références

/1/ Allemagne-Energies (2020) Résultat du premier appel d´offres sur la sortie des centrales à houille et petites centrales à lignite inférieures à 150 MW – presque 4,8 GW de centrales à charbon seront arrêtées, en ligne : https://allemagne-energies.com/2020/12/03/resultat-du-premier-appel-doffres-sur-la-sortie-des-centrales-a-houille-et-petites-centrales-a-lignite-inferieures-a-150-mw-presque-48-gw-de-centrales-a-charbon-seront-arretees-fin-2020/

/2/ BNetzA (2021) Ergebnisse der zweiten Ausschreibung zum Kohleausstieg, communiqué de presse du 01. 04. 2021, en ligne : https://www.bundesnetzagentur.de/SharedDocs/Pressemitteilungen/DE/2021/20210401_Kohle.html?nn=265778

/3/ BNetzA (2021) Bundesnetzagentur prüft Anträge zu systemrelevanten Anlagen der ersten Ausschreibung zum Kohleausstieg, communiqué de presse du 04. 03. 2021, en ligne : https://www.bundesnetzagentur.de/SharedDocs/Pressemitteilungen/DE/2021/20210304_Kohle.html?nn=265778

/4/ BNetzA (2021) Kraftwerk Walsum 9 ist nicht systemrelevant, communiqué de presse du 15. 04. 2021, en ligne : https://www.bundesnetzagentur.de/SharedDocs/Pressemitteilungen/DE/2021/20210415_Walsum9.html?nn=265778

/5/ BNetzA (2021) Ausschreibung nach den KVBG/Gebotstermin 30. April 2021, Bekanntmachung der Ausschreibung vom 19.02.2021, en ligne : https://www.bundesnetzagentur.de/DE/Sachgebiete/ElektrizitaetundGas/Unternehmen_Institutionen/Kohleausstieg/3004_2021/Termin30042021_node.html

 

La Cour des Comptes allemande critique à nouveau la transition énergétique du gouvernement fédéral

Temps de lecture : 10 à 15 minutes

Selon la Cour des Comptes allemande, le Ministère fédéral de l´Économie et de l´Énergie (BMWi) continue, malgré des avertissements répétés, de gérer la transition énergétique de manière insatisfaisante /1/. Un approvisionnement en électricité fiable et abordable pour les ménages et les PME serait de plus en plus remis en question.

La sécurité d´approvisionnement serait soumise à des risques dont le BMWi n´a pas pleinement pris conscience. Le monitoring de la sécurité de l´approvisionnement serait lacunaire. Le BMWi aurait adopté des hypothèses sur la sécurité de l’approvisionnement en électricité qui sont soit trop optimistes, soit peu plausibles. Il doit rapidement compléter son monitoring et étudier d´urgence des scénarios qui reflètent de manière fiable les évolutions actuelles et les risques existants affectant l´offre et la demande d´électricité.

En outre, le BMWi n´a toujours pas défini jusqu´à quel niveau de prix l´électricité peut encore être considérée comme « abordable ». Les prix de l´électricité pour les ménages et les PME se situent en tête du classement européen. Une grande partie de la tarification de l´électricité est constituée des composants réglementés par l´État, comme par exemple la charge de soutien des énergies renouvelables et le tarif d´utilisation des réseaux.  Ces composants réglementés du prix de l´électricité, jugés trop élevés, mettraient en danger la transition énergétique, son acceptation sociétale et la place économique de l´Allemagne. Pour cela, la Cour des Comptes considère nécessaire une réforme fondamentale de la tarification de l´électricité réglementée par l´État.

Le BMWi conteste les allégations  de la Cour des Comptes /2/ en affirmant que la sécurité de l´approvisionnement en Allemagne est, en comparaison internationale, « entièrement garantie » et « très élevée ».  En outre, le gouvernement fédéral s´efforce de rendre la transition énergétique « aussi économiquement rentable que possible ». C´est aussi le « moyen le plus durable » contre la hausse des prix de l´électricité et des coûts énergétiques.

Mais dans l´ensemble, le ministère ne parvient pas à convaincre les auditeurs de la Cour des Comptes.

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Bundesrechnungshof à Bonn/Allemagne, source Bilderservice Bundesrechnungshof

Lorsque la Cour fédérale des Comptes se penche sur la transition énergétique, elle donne de mauvaises notes au gouvernement fédéral. C´était le cas en 2016, en 2018 et c´est encore le cas cette année.

Déjà dans son rapport spécial, publié en 2018, la Cour des Comptes allemande a critiqué vigoureusement la coordination et le pilotage de la transition énergétique par le Ministère fédéral de l´Economie et de l´Energie (BMWi). L´effort énorme et les lourdes charges pour les citoyens et l´industrie seraient disproportionnés par rapport au maigre résultat obtenu/3/.

« Trop peu de choses se sont passées depuis 2018 » a résumé Kay Scheller, le président de la Cour des Comptes allemande lors de la présentation de son dernier rapport spécial d´environ 50 pages /4/ le 30 mars 2021.

La Cour des Comptes allemande traite dans ce rapport la mise en œuvre de la transition énergétique dans le secteur électrique sous l´aspect de la sécurité d´approvisionnement et du caractère abordable de l´électricité.

Sécurité d´approvisionnement en électricité

La Cour des Comptes critique le rapport de 2019 du BMWi sur la sécurité d´approvisionnement /5/ lequel arrive au résultat que « les consommateurs peuvent être approvisionnés de manière fiable à tout moment et que la demande d´électricité en Allemagne peut être satisfaite à quasi 100 % à l´horizon de 2035 ».

La Cour des Comptes estime que les hypothèses sur la sécurité de l´approvisionnement en électricité adoptées dans ce rapport sont soit trop optimistes, soit peu plausibles.

En particulier, le rapport n´indique pas clairement :

  • l´impact du retard de la modernisation du réseau de transport sur la sécurité d´approvisionnement (le développement du réseau de transport accuse en 2020 un retard d´environ 5 ans par rapport au planning initial de 2010);
  • dans quelle mesure les investissements réalisés par les gestionnaires de réseau sont suffisants pour maintenir le niveau de sécurité d´approvisionnement;
  • si les mesures à disposition des GRT pour assurer l´équilibrage du réseau dans leur périmètre de responsabilité (Redispatching, centrales de réserve, Feed-in management des énergies renouvelables) sont suffisantes pour garantir la sécurité de l´approvisionnement, même dans les conditions d´un développement retardé du réseau de transport et d´une sortie progressive du charbon;
  • quelles seront les capacités de stockage d´énergie requises et dans quelle mesure elles sont disponibles ou le seront à l´avenir.

Pour d´autres critères, l´évaluation de la sécurité d´approvisionnement repose sur des hypothèses irréalistes ou obsolètes selon la Cour des Comptes. Par exemple, le rapport du BMWi n´a pas suffisamment pris en compte :

  • le calendrier de sortie du charbon : selon la Cour des Comptes un déficit de capacité allant jusqu´à 4,5 GW serait possible à l´horizon de 2023/2024. De plus, le besoin de capacités de réserve nécessaire pour l´hiver 2022/2023 a été déterminé sans tenir compte du calendrier de sortie du charbon ;
  • la lente modernisation du réseau de transport et les capacités limitées des interconnexions transfrontalières ayant un impact important sur la sécurité d´approvisionnement ;
  • le nouveau plan de déploiement national de l´hydrogène et l´électrification accrue des secteurs de la chaleur et des transports entraînant une augmentation considérable de la consommation d´électricité ;
  • les années avec des conditions météorologiques extrêmes provoquant une faible production d´énergies renouvelables intermittentes (éolien, photovoltaïque).

Mais surtout, le BMWi n´a pas examiné de scénario conjuguant plusieurs facteurs déjà prévisibles et susceptibles d´avoir un impact négatif sur la sécurité d´approvisionnement. Il manque un scénario « worst case » comme stress-test.

Selon la Cour des Comptes, le BMWi doit rapidement compléter et adapter son monitoring de la sécurité de l´approvisionnement en électricité. Sinon, il ne sera pas en mesure de contrer efficacement les menaces réelles qui pèsent sur la sécurité de l’approvisionnement.

Réponse du Ministère fédéral de l´Economie et de l´Energie (BMWi)

Le BMWi utiliserait des indicateurs généralement acceptés au sujet de la sécurité d´approvisionnement en électricité. De plus l´Allemagne fait partie du groupe de tête en matière de sécurité d´approvisionnement. L´indice SAIDI (System Average Interruption Duration Index) – durée moyenne d´interruption de l´approvisionnement d´un consommateur final moyen pendant la période considérée – serait parmi les plus faibles en Europe.

Selon le BMWi, l´Allemagne disposerait d´un système cohérent pour évaluer la sécurité d´approvisionnement, mais le ministère aurait l´intention d´intensifier son monitoring.

Suite à la modification du Code de l´énergie, l´Agence fédérale des réseaux effectue à partir de 2021, en concertation avec le BMWi, un suivi permanent de la sécurité d’approvisionnement dans le domaine de l´approvisionnement en gaz naturel et en électricité. L´Agence fédérale des réseaux effectuera ses propres analyses et publiera un rapport actualisé sur la sécurité d´approvisionnement fin octobre 2021.

Appréciation finale de la Cour des Comptes

Le BMWi doit compléter son monitoring de la sécurité de l’approvisionnement en électricité et étudier de toute urgence des scénarios reflétant de manière fiable les évolutions actuelles et les risques existants qui affectent l´offre et la demande d´électricité.

Abordabilité financière (prix de l´électricité)

La Cour des Comptes mentionne une étude de l´Institut de Düsseldorf (DICE), selon laquelle les coûts cumulés pour 2000 à 2025 de la transition énergétique pour le seul secteur électrique sont estimés à 520 milliards d´Euros cf. chapitre « Contraintes économiques » dans le texte « Énergies renouvelables : de nombreux défis »  /6/.

Dès 2018, la Cour des Comptes a recommandé au BMWi de rendre transparent ce qu´il entend par l´abordabilité de la transition énergétique.

Aujourd’hui, le bilan est maigre : le BMWi n´a toujours pas déterminé à quel niveau de prix l´électricité peut encore être considérée comme « abordable ». Les prix de l´électricité élevés pour les ménages et les PME sont préoccupants. Ils sont jusqu´à 43% supérieurs à la moyenne de l’UE et se situent en tête du classement européen.

Seul le prix de l´électricité de l´industrie électro-intensive est au milieu de la fourchette de l´UE. Elle est protégée sous la forme d´un dégrèvement total ou partiel de la charge de soutien aux énergies renouvelables. 

Le système actuel de la tarification de l´électricité (taxes et contributions, tarifs d´utilisation des réseaux) risque de faire augmenter sans cesse les prix. Les composants de la tarification réglementés par l´État représentent aujourd´hui environ 75 % du prix de l´électricité. Tous les efforts déployés par le gouvernement fédéral jusqu´à présent n´ont pas permis d´arrêter cette évolution.

Au contraire : la poursuite du développement massif des énergies renouvelables, la modernisation du réseau électrique et la taxe sur le CO2 risquent d´entrainer la poursuite de l´augmentation du prix. De plus il faut compter sur une augmentation de la demande d´électricité, notamment par la mise en œuvre de la stratégie de l´hydrogène et l´électrification accrue des secteurs de la chaleur et des transports (promotion de l´électromobilité et de la chaleur renouvelable, par exemple au moyen de pompes à chaleur). Cela majore le risque d´une augmentation significative du prix de l´électricité.

La Cour fédérale des Comptes estime que la poursuite de la transition énergétique sous cette forme risque de dépasser la capacité financière des consommateurs finaux et par conséquent de compromettre la place économique allemande et l´acceptation sociétale de la transition énergétique.

La Cour des Comptes considère qu´il est nécessaire de réformer fondamentalement les composants réglementés de la tarification de l´électricité afin de faire peser à l´avenir une charge financière raisonnable sur les consommateurs finaux. Une condition préalable est la détermination du niveau de prix auquel l´électricité peut encore être considérée comme « abordable ». Le BMWi doit enfin aborder le sujet.

Réponse du Ministère fédéral de l´Economie et de l´Energie (BMWi)

Le BMWi estime que l´abordabilité financière de la transition énergétique ne peut être représentée par un seul indicateur (par exemple le prix de l´électricité).

Le rapport « monitoring » de la transition énergétique du BMWi s´intéresse à la fois à la vue d´ensemble des dépenses énergétiques et aux aspects individuels de l´abordabilité financière.

Une approche macroéconomique, c´est-à-dire une évaluation des coûts énergétiques sur la base de chiffres agrégés pour l´ensemble des secteurs concernés, est mieux adaptée qu´une évaluation sur la base des prix sectoriels. 

Une « vue d´ensemble » montre que pendant plusieurs années il n’y a pas eu d´augmentation des coûts énergétiques des secteurs concernés (chaleur et froid, transports et électricité).  Selon le BMWi, le pourcentage des coûts énergétiques pour tous les secteurs concernés par rapport au produit intérieur brut (PIB) est relativement stable autour de 7% (voir figure 1, gauche). Les dépenses ont donc tendance à évoluer en proportion du PIB et ont même baissé ces dernières années par rapport au PIB /7/.

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Figure 1 : extrait du rapport monitoring du BMWi /7/ – coûts de la transition énergétique

Bien que le prix de l´électricité en Allemagne ait augmenté plus vite que la moyenne européenne, la part des dépenses de consommation finale en électricité s´est stabilisée à un niveau autour de 2,4% du PIB depuis 2016 en Allemagne (voir figure 1 droite)

Pour le gouvernement allemand, le caractère abordable est l´un des critères directeurs pour une mise en œuvre de la transition énergétique. Le BMWi s´efforce donc de ralentir la dynamique de la charge de soutien des énergies renouvelables.

Selon le BMWi, les nombreuses révisions de la loi sur les énergies renouvelables (EEG) et notamment la mise en place des appels d´offres depuis 2017 ont contribué à limiter la tendance haussière de la charge de soutien. Les tarifs d´achat étant garantis vingt ans, à compter de 2021 les anciennes installations, càd les plus coûteuses, sortiront progressivement du soutien.

A l´avenir, la charge de soutien des énergies renouvelables sera partiellement financée par l´État. Pour l´allègement de cette charge il a été décidé d´utiliser une partie des recettes supplémentaires provenant de la « taxe carbone » sur les émissions des produits combustibles non couverts par le système européen d´échange de quotas d’émissions.

À partir du milieu des années 2020, le BMWi s´attend à ce que la charge de soutien des énergies renouvelable diminue sensiblement.

Selon le BMWi, les indicateurs utilisés permettent d´évaluer l´abordabilité financière de la transition énergétique.

Appréciation finale de la Cour des Comptes

La Cour fédérale des Comptes partage la position du BMWi selon laquelle il n´est pas possible de répondre à la question de l´abordabilité financière sur la base d´un seul indicateur (prix de l´électricité). Elle maintient toutefois sa position : le ministère doit déterminer le niveau de prix auquel l´électricité peut encore être considérée comme  « abordable » et réformer fondamentalement les composants de la tarification réglementés par l´État.

Références

/1/ BRH (2021) Bund steuert Energiewende weiterhin unzureichend, Erfolg der Energiewende nicht gefährden: BMWi muss umfassend steuern, Communiqué de presse du 30.3.2021, Bundesrechnungshof, en ligne : https://www.bundesrechnungshof.de/de/veroeffentlichungen/produkte/sonderberichte/2021/bund-steuert-energiewende-weiterhin-unzureichend/bund-steuert-energiewende-weiterhin-unzureichend

/2/ Tagesschau (2021) Rechnungshof zu Energiepolitik: Scharfe Kritik an Altmaier, en ligne : https://www.tagesschau.de/wirtschaft/technologie/energie-altmaier-bundesrechnungshof-101.html

/3/ Allemagne-Energies (2018), Selon la Cour des comptes allemande la transition énergétique est au bord de l´échec, en ligne : https://allemagne-energies.com/2018/09/28/selon-la-cour-des-comptes-allemande-la-transition-energetique-est-au-bord-de-lechec/

/4/ BRH (2021) Bericht nach § 99 BHO zur Umsetzung der Energiewende im Hinblick auf die Versorgungssicherheit und Bezahlbarkeit bei Elektrizität, Bundesrechnungshof, en ligne : https://www.bundesrechnungshof.de/de/veroeffentlichungen/produkte/sonderberichte/2021/bund-steuert-energiewende-weiterhin-unzureichend

/5/ BMWi (2019) Definition and monitoring of security of supply on the European electricity markets. Project No. 047/16. Bundesministerium für Wirtschaft und Energie, éd. En ligne : https://www.bmwi.de/Redaktion/EN/Publikationen/Studien/definition-and-monitoring-of-security-of-supply-on-the-european-electricity-markets-from-2017-to-2019.html

/6/ Allemagne-Energies (2021) Énergies renouvelables : de nombreux défis, en ligne : https://allemagne-energies.com/energies-renouvelables/

/7/ BMWi (2021) Achter Monitoring-Bericht « Energie der Zukunft ». Bundesministerium für Wirtschaft und Energie, éd. En ligne : https://www.bmwi.de/Redaktion/DE/Publikationen/Energie/achter-monitoring-bericht-energie-der-zukunft.html